I know something about your friend...

Mission aller voir Ienzo...lui dire que Fred allait bien. Ça paraissait pas si compliqué non ? Il le chopait, disait Fred va bien et rentrait chez lui , enfin à son hôtel pour retrouver ses bouteilles chéris et pester contre le monde, contre Modeste ce vilain manipulateur et autre. Vivement que Fred trouve un de ses points faibles pour que le russe l'envoie au fin fond d'un puit dans le Sahara. Mais oui en voilà une bonne idée, il le drogue, le fout dans une valise dans un avion direction la bas. Comme ça il sera débarrassé de lui...mais bon si il en revient ça peut être problématique. Ou alors faut le vendre à des gens qui veulent des esclaves. Il est mignon en plus Modeste, de belles dents bien blanches, alignées... Oui...enfin bref le sujet c'était Ienzo. Ça avait l'air simple sauf qu'il avait aucune idée de comment aller le voir. C'était gênant tout ça. Ça lui prenait la tête alors qu'elle était déjà bien pleine d'autre chose. Il était passé en voiture devant le lycée de temps en temps dans l'espoir de l'apercevoir, par hasard tout à fait. Le hasard explique toutes les rencontres. Mais ça n'avait rien donné. Puis il allait pas passer par Hoshi pour voir Ienzo ça marcherait pas des masses.... le problème c'est qu'il avait peur de faire face au petit français à cause de ce qui s'était passé entre eux. Au pire il envoyait un texto en disant que Fred allait bien...mais ça ferait franchement bizarre, puis le gars qui en a rien à foutre de savoir si le monsieur va bien ou quoi.... et c'était pas vrai. Certes il avait pas pris de nouvelles mais maintenant qu'il pensait à lui... il avait bien honte de son comportement.

Sans Fred … sans Fred il essaierait pas de revoir Ienzo et ça resterait simple et il aurait pas besoin de s'excuser, ni de penser à lui ni... non en fait il devait dire merci à Fred. Pourquoi s'excuser paraît si difficile alors qu'en fait c'est juste des mots rien de plus. Ça paraît aussi horrible que de dire je t'aime à quelqu'un. Comme si l'autre allait rejeter sa déclaration d'amour ou ses excuses en l'occurrence. Allez savoir pourquoi ça le préoccupait. Que lui dirait il après tout ce temps. Qu'il s'était retrouvé un mec et que c'était juste un gros con qui en fait n'en avait rien à foutre de sa gueule... Oui non, rayer le sujet Modeste de toute conversation ça valait mieux. Dire qu'il était toujours célibataire et qu'il allait très bien. C'était pas tout à fait vrai mais qu'importe, il n'allait pas voir Ienzo pour parler de ses soucis après tout. La deuxième tentative pour voir Ienzo avait été de passer dans des rues le soir. Normal il a un amant mais se cherche quand même un prostitué, à croire que son amant le satisfaisait pas. Bah depuis qu'il savait... ouais c'était...du sexe mais sans le truc en plus. Heureusement il avait ses petites bouteilles, ça l'aidait à tenir. Dire qu'il avait raconté sa vie à Modeste, l'histoire sur sa mère... vraiment quel con il faisait. Enfin bref toujours ce sujet éternel qui revient. Tout ça pour dire que sa deuxième ridicule tentative n'avait pas plus marché.

On dit toujours jamais deux sans trois. Fallait qu'il montre qu'il ait un peu de couille quand même. Il ne pouvait pas retourner voir Fred pour lui dire qu'il n'avait toujours pas été voir Ienzo. Alors qu'il avait vaguement envoyé un message à Hoshi pour lui dire de pas s'inquiéter au sujet de son ex, qu'il tournait simplement la page. C'était juste histoire qu'Hoshi fasse de même, il n'avait pas envie de partir dans de longues explications avec son ami ni rien, ça le fatiguait d'avance. Hoshi et Fred régleront leur problème plus tard, c'était pas son problème....et puis chaque chose en son temps. Mais Ienzo... il allait pas pouvoir dire la même chose. Finalement il se décida à lui envoyer un texto en lui disant qu'il devait le voir pour lui parler, et il lui donnait rendez vous dans un café, un truc neutre. Modeste ne trainait pas dans les quartiers neutres, enfin en théorie. Il allait attendre la bas et si jamais son rendez vous ne venait pas et bien...il aura essayé, ou bien il trouvera autre chose... un quatrième tentative.

C'est comme ça qu'il se trouvait dans un café des plus modeste (décidément ce Modeste est partout xD). Y avait des gens quand même, pourtant on était en semaine. Il se dirigea à l'étage , derrière des plantes vers très bien ça. Bouge un peu les plantes mine de rien et s'assoit derrière. Le client est roi de bouger des plantes si il a envie merde. Il a besoin d'un peu d'intimité. Garde ses lunettes noires et commande un sake. Il est stressé.. Lui Ixion Aito il est stressé. Oui c'est possible tout à fait. Si un jour il voyait un psychologue y aurait du boulot, entre son alcoolisme, sa parano... ça en fait pas mal. Regarde la rue, il s'est mis près de la fenêtre. Il fait beau dehors, le printemps qui arrive, les cerisiers en fleur bientôt...ça allait être magnifique. La meilleur saison au Japon, enfin à son sens. Regarde l'heure de temps en temps. C'est qu'il était peut être un peu beaucoup en avance, va avoir le temps de prendre plusieurs Sake et de réfléchir à ce qu'il allait dire.

En fait il réfléchit franchement pas à grand chose parce que ses pensés avaient tendance à toujours revenir au même sujet. Tant pis il irait au feeling. Il sursauta en voyant Ienzo apparaître devant lui. Déjà lui, mais il... il l'avait trouvé facilement dans ce café dis donc. Cette plante cachait rien du tout ralala. Tellement perdu dans ses pensés il ne l'avait pas vu arriver. Ça fait peur des apparitions comme ça...surtout celle d'un..ex. C'est...très perturbant. Reste un peu figé à le regarder. C'est..... Ienzo quoi.... heureusement il a ses lunettes, on lira pas dans ses yeux. Sourit légèrement, tentative de sourire, pas sur du résultat m'enfin.

« Bonjour Ienzo... je ... comment allez vous...vas tu... ? »

Oui bon, c'est le début il a un peu de mal faut pas lui en vouloir. Il était pas très bien préparé malgré tout le temps qu'il a eu. Regarde son verre avec un soudaine envie de fondre en larme, m'enfin c'est pas une tapette. C'est l'alcool qui lui donne des réactions bizarre. Première chose ne pas recommander de verre pour lui tant qu'il sera en compagnie, ça évitera des catastrophes. Ouais m'enfin la serveuse va venir prendre la commande de Ienzo ça veut dire...qu'il devra dire non je reprends rien. Juste un verre le temps de parler alors. Se mordille légèrement la lèvre en le regardant de nouveau derrière ses lunettes. La dernière fois qu'il 'la vu...ça c'était pas passé si bien. Voilà pourquoi il a pas pris de nouvelles parce que.... mhf , voilà la manière dont il l'avait largué aussi.

« Ça fait longtemps.... »

Et si il enchainait tout de suite sur Fred einh ? Ça serait pas plus intelligent ça. Avant cette rupture...il vivait des trucs simple avec Ienzo et sympa. C'est drôle comme des souvenirs peuvent revenir à la surface comme ça. Simple et agréable oui... et lui...bah lui il avait pas voulu d'un prostitué. C'est con, c'était comme ça.... si ça peut rassurer Ienzo il a pas trouvé mieux après lui, il a même trouvé pire et pourtant c'était un gars de la bonne société.

Ienzo vivait sa vie. Enfin, plus précisément, il menait une vie. Il ne savait plus trop si c’était la sienne ou pas. Ni même si elle était bien ou pas. Il se contentait de la vivre en simple spectateur. Le monde avait décidé de se liguer contre lui ? D’accord. Il avait survécu à bien pire que ça après tout. Ca ne fera qu’une fois de plus dans sa propre existence. Il laisserait couler. Dans un moi sou deux… Peut-être un an, il rebondirait et partirait ailleurs. Encore une fois. Ou un peu plus longtemps. Quand il aurait accumulé assez d’argent. Chose qui serait assez compliqué puisqu’il ne faisait… plus rien. Mais vraiment rien. Il ne bossait plus ses cours, il n’y allait même plus. Il ne travaillait plus non plus. Pas l’envie, pas la motivation pour. Il se contenter d’errer en ville toute la journée. Heureusement que c’était la belle saison. Enfin le soleil ou la pluie, il s’en fichait bien. Heureusement qu’il avait encore Shin… C’était peut-être la seule personne qui arrivait encore à le faire rire. Il s’entendait bien avec, même si ça n’allait pas plus loin. Au moins, ça lui changeait les idées de temps en temps… Même s’il ne traînait pas toujours avec.

Les jours passaient. Franchement, heureusement qu’on le virait pas du lycée, il se demande ce qu’il deviendrait. Au moins, il avait un toit, c’était déjà pas mal. Il revenait juste le soir pour dormir. Pour une fois qu’il reprenait un vrai rythme, c’était parce qu’il était complètement déprimé. La vie est mal faite. Il devrait peut-être aller voir Hoshi. Ah oui non il ne l’aimait pas, c’est vrai. Après tout, c’était de sa faute si Fred avait disparu. Même ça, il l’avait dépassé. Aimer ou détester, quelle importance. Fred était reparti. Sans lui. Sans un mot. Encore une fois. Il n’avait franchement pas de chance. Enfin c’était bizarre, parce qu’il était parti en laissant ses affaires cette fois. La première, il avait pris soin de les récupérer malgré tout. Un peu comme... S’il avait été forcé de partir. Oui, il avait voulu croire ça, au début. Il avait attendu. Mais les jours, puis les semaines étaient passés. Il s’était fait une raison. Fred était reparti. Lui qui pensait que cette fois, son ami ne lui ferait plus un coup pareil, il s’était royalement trompé. Ca devait être son destin. Destin pourri.

Et puis, un beau jour, il avait reçu un texto. Bonne surprise. Enfin, il supposait que ça devait en être une bonne. D’un certain monsieur qu’il n’avait pas revu depuis longtemps. Il s’était fait une raison de l’oublier pourtant. Bon, ça n’avait jamais vraiment marché. Lui et son cœur d’artichaut. Ca finirait par le tuer, au sens propre du terme malheureusement. Il se demandait bien ce qu’il voulait lui demander pour lui envoyer un message pareil. Enfin bon. Il s’en foutait. Il avait dépassé le stade de la colère. Il avait dépassé le stade de tout. Il n’était qu’un spectateur de sa propre existence. Ce qui avait au moins l’avantage de ne lui faire ni chaud ni froid. Ce qui lui permet de répondre simplement qu’il viendra sans arrière pensé, sans colère et sans joie. Pourquoi pas après tout. Ca l’occuperait une partie de journée. Plutôt que de tourner en rond dans les rues… Ca ne lui ferait pas de mal, il fallait bien l’avouer.

Le jour du rendez-vous, il se rend donc au café fixé pour le rendez-vous. Habillé simplement, sans froufrou sans exubérance. Juste un sac avec ses papiers. Même pas ses affaires de dessin. Même ça, il y avait renoncé. Elles étaient bien rangées dans le tiroir de sa chambre au sein du lycée. A prendre la poussière. Ca finirait dans le même état que lui, un jour. Enterré dans une boite en bois six pieds sous terre.

Il s’arrêta devant le café et leva les yeux, cherchant où il avait pu s’installer. Connaissant le personne, dans un des coins de l’établissement, à épier ce qui pouvait se passer, sans aucun doute. Il entra à l’intérieur et demanda à un des serveurs qui le renseigna gentiment sur le fait qu’il se trouvait certainement à l’étage. Le remerciant poliment, il monta tranquillement les marches. Il ne lui fallut pas longtemps pour repérer l’homme qui se camouflait derrière une plante de manière tout à fait ridicule et absolument pas discrète. Enfin, chacun ses notions de discrétion après. Il s’avança jusqu’à la table jusqu’à être en face de lui, un joli sourire sur les lèvres comme s’il retrouvait un vieil ami.

Il s’assit en face de lui pour faire signe au serveur. Aurait-il était en état qu’il s’impressionnerait lui-même du calme et de la sérénité dont il faisait preuve. Au moins, ça évitait de se poser trop de questions. Il sourit à la phrase de son… ex. Ami. Il ne sait pas trop. Il s’en fout un peu. Voir même beaucoup en fait. Un petit sourire presque amusé alors qu’il se commande un café, attendant patiemment que le serveur leur apporte la commande avant de parler à son tour. Parce que s’il est venu c’est quand même parce qu’il y a aussi un tout petit fond de curiosité. Sans doute parce que ça a réveillé quelque chose qui dormait sous cette petite couverture de détachement. Quelque chose de tout bête mais dont il avait envie d’être sûr et certain avant de faire une croix complète dessus.

« Ca faisait longtemps oui » répondit-il calmement avant de boire une gorgée du liquide agréablement chaud. « Ca va bien. Et toi ? »

Oui, il passe carrément au tutoiement. Dire qu’il ne l’avait jamais fait avant. Enfin là c’est plus parce qu’il n’y prend pas garde et qu’il s’en fiche. Ixion est retombé du petit piédestal où il l’avait placé, il redevenait un humain comme un autre, au même niveau que lui. Le vouvoiement n’était plus vraiment d’usage, ne lui en déplaise ou non. Ce n’était pas de la provocation, ça se voyait à sa façon d’être juste… C’était comme ça. Sans prise de tête, simple. Il remit en place derrière son oreille une mèche de cheveux venu se glisser devant ses yeux. Ouais bof. Il se rendait compte qu’il n’était plus vraiment en colère. Lui qui s’était persuadé qu’il devait l’être. Il n’avait jamais réussi à être en colère longtemps contre quelqu’un il le savait. Un défaut pour beaucoup de monde.

« De quoi voulais-tu me parler ? »

Autant entrer dans le vif du sujet il va lui éviter de bégayer pendant des heures. Peut-être qu’en lui posant des questions ça le fera parler normalement, on ne sait jamais. Un nouveau sourire tout en reprenant sa tasse. Et puis bon… Des infos sur Fred quoi. Il ne peut pas cracher dessus, mais s’il le voulait. Même si c’était juste pour lui dire qu’il allait bien. Même si c’était vexant de voir qu’Ixion savait et pas lui. Après tout, c’était lui le meilleur ami de Fred, pourquoi il irait raconter ça au premier venu ? Surtout qu’il savait que Fred lui avait dit de se méfier d’Ixion. Ou alors c’était juste un plan pour le revoir. Un peu vicieux comme moyen de le faire, y’avait beaucoup plus simple…

Ienzo toujours tout gentil tout mignon. Adorable garçon qui était là...comme avant. Il n'avait pas l'air d'avoir trop changé. Il pourrait pourtant en vouloir à Ixion, se montrer un poil froid ou autre . Mais non il était tout mignon comme à son habitude. Pourquoi diable les gens mignons n'étaient pas des gens de sa...classe. Ouais c'est horrible de penser ça, même lui il était pas mignon, il valait pas mieux que tous ceux de son espèce. La chose de réconfortante c'est que....prostitué ou non, il y avait au moins des humains qui relevaient le niveau. Des gens qui en valaient la peine. Ces personnes là étaient rare et lui il en avait trouvé une et l'avait laissé tombée. Peut être la peur d'être déçu, de s'être trompé. Mais quand il le revoyait là...l'air toujours égal à lui même. Il paraissait difficile d'imaginer Ienzo autrement que comme..... un gars... adorable oui. C'est comme ça il n'avait qu'à pas être con. Le français trouvera quelqu'un de bien, si ce n'est pas déjà fait, il en est certain au fond de lui. Un gars bien qui commande un café. Il aurait du faire pareil plutôt que de l'alcool. Rah à quoi bon culpabiliser, il était comme ça et puis voilà.

Le russe perdit son sourire un instant à sa question. Si il allait bien.... bizarrement il n'était pas trop sur de la réponse. Oui dans un sens il n'était pas à l'agonie, pas malade. Mis à part son problème d'alcool mais ça... non ça c'était, enfin ça comptait. Bon après il y avait le moral... est ce qu'il allait mal ? Il n'était pas en dépression non plus malgré le fait qu'il sache que son amant était juste une ordure. Mais d'un côté vu qu'il cherchait un plan pour se venger c'est que malgré qu'il soit...blessé il n'allait pas si mal que ça. Il ne pouvait pas répondre pour autant qu'il allait bien, allez savoir pourquoi. Quand on peut répondre ni mal ni bien ben … c'est pas facile de répondre à la question du comment ça allait. Il fit tourner son verre en baissant un instant les yeux. De toute façon même si la réponse était plutôt mal, il n'avait pas donné rendez vous à Ienzo pour étaler sa vie et se plaindre. Le français n'avait sûrement aucune envie d'entendre ça.

« Oh et bien.... on fait aller. La vie suit son cours. »

Phrase banale qui veut tout dire. Y a pas grand chose à raconter. Il continue sa vie jour après jour. C'est très bien, pas besoin de poser de question, genre y a rien à dire sur sa vie, long fleuve tranquille tout simplement. Et celle de Ienzo surement aussi. Prend son verre pour boire une gorgée et le repose. Se décide enfin à enlever ses lunettes; De toute façon il a ses lentilles noires. Et puis euh...masquer ses émotions il sait faire, enfin en théorie. Vrai que....avec l'alcool ça devient difficile parfois. Le tutoiement ne le gène pas d'ailleurs. Pourtant.... quand ils étaient ensemble c'était encore du vouvoiement. Les choses sont parfois bizarre. Mais c'est comme si il le connaissait depuis longtemps et.... un ami ? On ne vouvoie pas ses amis. Peut être que ça n'a plus d'importance non plus. Ienzo peut le tutoyer il n'en formalisera pas. Il n'y fait d'ailleurs pas attention comme si c'était normal. Il est direct c'est vrai. Garde les yeux baissés sur sa tasse; Dans un sens ça lui facilite la tache. Juste dire qu'il a vu Fred...mais.... un peu de couille. Fred n'est qu'une excuse, lui là maintenant ce n'esr pas de ça qu'il a envie de parler. Il le fera mais après. Relève les yeux pour regarder son..ex..

« Je voudrais m'excuser.... je me suis mal comporté avec toi même si ça fait longtemps et bien.... j'espère que t'accepte mes excuses. »

Mieux vaut tard que jamais après tout non ? Et même si Ienzo ne les accepte pas et bien au moins il se sera excusé et... la vie suivra son cours voilà. Et peut être qu'il arrêtera de penser à la manière dont les choses se sont passés. Les excuses ne changeront pas le passé bien sur mais voilà...ne pas s'excuser c'était comme, comme si il n'avait pas de regret. Alors que c'était faux, il en avait des regrets. Il n'avait jamais souhaité que les choses se passent ainsi. Enfin voilà. Hoche un peu la tête en cherchant son regard du sien. Si il est en colère, et bien il peut le comprendre, et il l'acceptera. Est ce que quand on s'excuse il suffit juste de dire ''je m'excuse''. Il n'est pas sur de ça. Pas vraiment l'habitude en fait de faire des excuses. Il y a sans doute un protocole à suivre. Il devrait se renseigner sur ces choses là avant de vouloir les faire. Ouvre la bouche et la referme. D'un côté dire autre chose que je m'excuse ça veut dire remuer le couteau dans la plaie, ça fait longtemps...est ce bien utile d'en reparler ? Pas sur...

« Je crois que.... enfin non je ne crois pas...je suis un lâche et.... j'ai eu peur voilà. Je sais que ça n'excuse rien, que ça changera rien mais je voulais te le dire en face. Alors je m'excuse sincèrement parce que... j'aurais du te parler franchement plutôt que de juste tout arrêter avec des phrases minables et... avec des si on referait le monde einh ? Je me suis mal comporté. »

Fait une légère moue. Mon dieu il vient vraiment d'avouer à voix haute être qu'un lache. Ouais.... faudrait pas qu'il s'excuse trop souvent parce que franchement. Boit son verre d'un trait. Voilà il a finit ses excuses il peut repartir ahem. Ah oui non il doit parler de Fred aussi... du moins si le petit monsieur s'en va pas direct parce qu'il a pas envie d'écouter le russe plus longtemps. Au pire il enverra un texto pour dire que Fred va bien puis voilà. Fred passe derrière. C'est pas important...enfin si c'est le meilleur ami de Ienzo sans doute que si mais hmmff bon. Pianote un instant sur la table. Il a plus à boire quel tragédie. Serveuuuur. Non se retient de lui faire signe et regarde un instant par la fenêtre dehors. Tous ces gens qui ont l'air normaux. Pourquoi est ce que avec lui c'est compliqué, pourquoi il n'arrive pas à faire les choses simples. Il méditera là dessus...mais plus tard. Peut être ce soir avec une petite bouteille. Une conversation philosophique avec lui même. Il en a souvent des petites conversations philosophique avec lui même, c'est souvent très intéressant d'ailleurs et plus la bouteille descend moins ça a de sens.

« On changera pas le passé mais...on peut..améliorer le futur. Je ne suis pas venu ici que pour m'excuser. »

Voilà....il va pas lui demander de revenir faut pas s'inquiéter, surtout que n'étant plus célibataire ça se fait pas; Même si l'amant en question va finir en bouilli et qu'il a qu'une envie bref... ça n'a aucune importance. Même quand ça sera fini...le célibat ne lui fera pas de mal. L'abstinence y a rien de mieux. Ça évite les plans foireux et tout ce qui va avec. Il était bien quand il était moine. Il va aller acheter une bible quand ça sera fini...ou un truc de bouddhiste. Il préfère la réincarnation que la résurrection à choisir.

On fait aller. Quelle merveilleuse réponse pour dire que finalement ça n’allait pas. Autant répondre directement que ça ne va. Ou mentir et dire que ça va, c’est bien ce que fait Ienzo après tout. Enfin ce n’est pas vraiment un mensonge juste… qu’il n’est pas conscient lui-même que ça ne va pas alors forcément, ça devient un peu dur de l’avouer. Mais bon, c’était une réponse diplomatique qui fait qu’on ne pose pas plus de questions. De toute façon Ienzo n’en aurait pas posé alors comme ça, ça résout simplement le problème. Tout va bien dans le meilleur des monde pour eux deux, ce n’est pas magnifique ça ? Comme quoi ils ont bien fait de se séparer, vraiment. Chacun vit une vie merveilleuse de son coté. Pourquoi il voulait le revoir déjà, puisque leur vie était si bien et qu’ils allaient tous les deux bien ? Il n’en avait strictement aucune idée. Il se contentait de siroter son café tout simplement en profitant des quelques rayons du soleil qui traversait la vitre. Toujours profiter du soleil. Toujours profiter de la vie. Elle est courte après tout, pourquoi la gâcher avec des choses sans importance.

Alors voila qu’il attend qu’il s’explique. Enfin, ce n’est pas des explications à proprement parler. Plus des excuses ouais. Il l’écoute sans l’interrompre, le regardant avec un simple sourire. Il ne se moque pas, ce n’est pas ce genre de sourire non plus. Non, le sourire d’une personne qui écoute, et qui pourrait même presque comprendre et compatir. Oui, il arrive à compatir pour les gens qui lui ont fait du mal. C’est vraiment l’hôpital qui se fout de la charité, mais les choses sont ainsi faites. Enfin est-ce vraiment de la compassion ? Dans son état il n’en est pas vraiment certain. Il n’était pas sûr de pouvoir réellement ressentir quelque chose dans l’état actuel des choses. M’enfin il était presque… Presque touché de recevoir des excuses. Même après plusieurs mois. Bon, ça aurait sans doute été plus efficace un peu plus tôt… Mais bon, déjà il en a eu, il ne va pas se plaindre, n’est-ce pas ? Il n’est pas du genre à se plaindre, Ienzo. Jamais. Même quand on lui fait les pires crasses. Il peut être en colère, très fugacement mais jamais il ne se plaint, et ce n’était pas aujourd’hui qu’il allait commencer à le faire.

« La peur est humaine, on n’y peut rien. Moi encore moins, ce n’est pas la peine de s’excuser. Et puis, je comprends. On ne peut pas changer ce qu’on est, n’est-ce pas ? »

Et toujours ce grand sourire aux nuances enfantines contrastant avec une réponse résonnant d’une résignation certaine. Une voix douce et glissante. Oui, parce que lui rappeler ce qu’il était, il l’avait fait d’une façon bien appuyée, le Ixion. Mais bon, il l’avait remis à sa place, c’est normal. Ce qui n’est pas normal, c’est pour les gens comme lui de vouloir plus, non ? Oui, il l’avait parfaitement comprit. Il devrait même le remercier pour ça. Et puis bon, si tout le monde l’abandonnait tout le temps, c’est bien qu’il devait avoir un problème quelque part. Entre Frederick et Ixion, il n’était vraiment pas gâté. Heureusement qu’il ne côtoyait pas vraiment grand monde dans le fond, il n’imagine pas ce que ça pourrait donner sinon. Ca serait vraiment quelque chose d’horrible. Oui, finalement il était très bien tout seul. Pas d’obligations, pas de remords, libre de vivre sa vie comme il le voulait. On est jamais mieux servit que par soi-même, c’est ce que dit l’adage après tout. Et bien voila, il appliquait ça à la lettre. Lui, il ne pouvait même pas faire comme son ami et se promettre de ne s’attacher à personne. Il savait qu’il n’y arriverait pas. Il n’avait pas le cœur pour vivre en éternel solitaire toute sa vie. Alors tant pis, il encaisserait tout avec le sourire. De toute façon, il n’aurait pas à supporter ça bien longtemps puisque sa vie ne serait sûrement pas bien longue. Alors autant en profiter. Il pourrait même jouer les profiteurs avec sa bouille, mais non. Il ne pourrait jamais sortir de son honnêteté. Il y a quand même des limites à ce que pousse à faire la résignation.

« Et de quoi d’autre voulais-tu parler ? »

Oui parce que maintenant que ce sujet là était clos – bah oui il avait accepté ses excuses donc il considère le sujet clos – il voulait bien passer au prochain. Ixion devait être content, ses excuses sont passées comme une lettre à la poste. Au moins, ça lui simplifie les choses, s’il n’était pas à l’aise eh bah voila, plus besoin de s’en faire et on passe à autre chose, dans la joie et la bonne humeur. Il lui reste même un fon d de café pour encore l’écouter quelques minutes, si ça ce n’est pas génial et magnifiquement bien calculé.

Ienzo...adorable, gentil et merveilleux. En fait tous les qualificatifs lui vont comme un gant. Pourquoi se prendre la tête franchement quand on a en face de sois quelqu'un d'aussi mignon. Pas comme si il allait s'énerver lui jeter son café à la figure...quoi que du café...outch ça ferait bien mal quand même. De quoi finir défigurer, non vaut mieux se prendre un verre d'eau en pleine tronche que du café. Moins dangereux. Il n'était même pas curieux des raison d'Ixion, du pourquoi il s'excusait que maintenant, du pourquoi il avait eu peur ou qu'importe. Non aucune question. C'était presque trop simple. Ça donnait encore plus envie au russe de se justifier, de s'expliquer, comme si il avait quelque chose à se reprocher. Enfin c'était le cas mais des excuses auraient pu suffire. Et les questions...il n'aimait pas trop les questions. On est jamais content, quand on est questionné on rale et quand on demande rien on regrette presque qu'il n'y ait pas de questions. Il était là avec ses peurs, il n'osait et une fois que c'était fait...si facile alors que tout lui paraissait extrêmement compliqué deux minutes auparavant. Non décidément quelque chose n'allait pas. Il observa une seconde le français. Peut être qu'il en avait rien à foutre de ses excuses en fait, mais trop gentil comme il était il n'osait pas l'envoyer chier. Oui ça devait être quelque chose comme ça sûrement. En fait il l'ennuyait voilà.

« C'est très...fataliste ce que tu dis. Alors si.... on est quelqu'un de mauvais on est destiné à l'être toute sa vie ? A quoi bon se battre si on ne peut pas changer ce qu'on est.... »

Baisse les yeux. Fataliste et déprimant. On peut lui rappeler ce qu'il fout là ? Si il peut pas changer il ferait mieux de retourner près de sa mère adoptive, reprendre sa petite vie ''parfaite'' d'avant. Ça ferait plaisir à certain. Ici ou ailleurs de toute façon... sa vie n'était pas grand chose. Autant se tirer une balle dans la tête tout de suite. Jamais des paroles n'avaient paru aussi déprimante. Par exemple je te quitte c'est déprimant mais pas de la même manière. Un de perdu, dix de retrouvé, on est triste sur le coup enfin bref....ça peut changer. Alors que là Ienzo il lui disait que … la seule chose qu'il aimerait changer chez lui ben c'était impossible. Faut vivre avec. Devenir un salaud...chouette. Enfin ça lui dit pas plus que ça. Est ce que les salauds ont conscience de l'être ? Sans doute pas, pour ça qu'ils y arrivent aussi bien. Mais lui... remarque il l'avait été sans le vouloir. Faut juste pas se poser de questions, se comporter comme un égoïste de première. Ça ne devait pas être trop dur. Se mord légèrement la lèvre songeur. Il voulait pas d'un destin pareil. Il voulait vivre quelque chose de différents, il voulait être différent.

« Je ne sais pas trop bien qui je suis, ou ce que je suis...Mais je sais ce que je ne veux pas être. Et je ne veux pas être ce type que tu as du trouver horrible et je ne veux pas être un lache non plus. »

Voilà et il refusait d'être une marionnette entre les mains du destin, il veut choisir ce qu'il est et décider des choses. Peut être qu'il y arrive pas très bien, qu'il est maladroit mais il fait du mieux qu'il peut et puis les erreurs...sont là pour aider à apprendre, à ne pas refaire la même chose. Quelqu'un qui ne fait pas d'erreur, qui ne se trompe jamais c'est plutôt inquiétant. L'homme est fait pour commettre des fautes, sinon ça serait plus un homme. Et pourquoi ils ont ce sujet de conversation super bizarre franchement ? Ils vont se mettre à parler de la mort et de la vie bientôt. Enfin c'est surtout Ixion qui parle mais bon. Il espère qu'en face les oreilles de Ienzo sont grandes ouvertes pour écouter son charabia qui est très...intéressant mais oui. Enfin il ne doute pas que les oreilles du petit vont s'agrandir un peu plus pour devenir comme celle de Dumbo quand il prononcera le prénom de Fred. Quoi que les oreilles d'un éléphant...pas très sexy comme image on a vu mieux. Ienzo lui avait quand même poser une question finalement, l'autre sujet dont il voulait lui parler...oui oui et bien...il y vient. Mollement mais il y vient.

« Je sais que tu es très ami avec...Fred »

Pas dire Galant...oui Fred c'est ça. Ça fait bizarre ce mot dans sa bouche alors que lui pense Galant à chaque fois.

« Et il se trouve que j'ai eu...tout à fait par hasard..que j'ai vu...Fred. Les choses sont parfois bien étrange. »

Qui aurait cru que lui...lui qui détestait Galant parce qu'il détestait son père lui parlerait et même l'aiderait à comploter contre son frère, qui accessoirement était son amant. Oui étrange.... enfin il ne va pas expliquer tout ça à Ienzo einh. D'abord ça voudrait dire parler de sa relation et umh il y tient pas franchement. Parfois omettre de dire des choses... c'est pas vraiment mentir n'est ce pas ? Relève les yeux vers Ienzo, pour être crédible vaut mieux ne pas fuir le regard de l'autre. Les plus beaux mensonges, enfin les plus réussis sont ceux dit droit dans les yeux. Il paraît. Il avait fait ça tellement de fois avant, il doit bien en être encore capable. Il aurait pu trouver mieux que le tout à fait par hasard, histoire pourrie. Faut qu'il trouve une excuse, un déplacement en Russie ? Non Fred n'a rien à foutre en Russie.... mui...il verra si jamais il pose des questions, mais il ne pas en poser n'est ce pas ?

« Enfin bref aucune importance, je voulais juste te dire qu'il allait bien alors ne t'inquiète pas... il te racontera tout ça lui même dès qu'il sera rentré. En attendant... il m'a dit de te dire de prendre bien soin de toi. »

Il a vraiment été le roi du mensonge un jour ? Ça devait être dans une autre vie, vraiment. Plus pathétique on meurt. Lui sourit légèrement comme pour le rassurer sur le sort de son ami. Oui bon la fin.... c'est plutôt lui qui a envie de dire au français de prendre soin de lui mais euh...sur que le message passe mieux si il pense que ça vient de son grand copain. He faut qu'il soit en forme pour le jour ou le Fred pourra.... enfin pour le jour ou ils auront trouvé comment se débarrasser de Modeste et que Fred retournera à sa petite vie tranquille en oubliant qu'un jour il a été supplier le russe devant la porte de sa chambre.

Certes, la conversation n’était pas des plus joyeuses. Ienzo ne s’attendait pas vraiment à avoir une réponse de la part du Russe en même temps. Il l’écouta malgré tout parler dans un silence solennel. Fataliste… Peut-être bien. Bah, après tout, chacun sa vision des choses. Ce n’est pas sa faute si la sienne est devenu comme ça, c’est la faute de… C’est la faute à la vie, voila. Il n’oserait blâmer personne pour ce genre de choses de toute façon. A part lui-même. Et la vie – ou le destin – parce que les entités immatérielle, ça a du bon, parfois. Il aurait pu accuser Dieu, si étant une seconde qu’il soit religieux… Malheureusement, ce n’était pas le cas. Bon, on ne peut pas tout avoir, forcément. Mais bon. C’est bien si Ixion veut changer, il lui souhaite bien du courage. Lui il a essayé et puis… Ah oui y’a un type qui lui a rappelé qu’on avait chacun une place et que quoi qu’on puisse essayer on en bougeait pas. Il se demande bien qui a pu lui rappeler ça, vraiment. Il devrait lui péter sa gueule pour l’avoir enfoncé comme ça, non ? Heureusement il n’a pas un caractère de cochon comme ça. Il s’est fait une raison, c’est tout. De toute façon, lui, il n’a plus aucune raison de se battre. Plus envie de se battre les gens, plus envie de se battre pour lui-même… Même si ça en fait, il ne l’a jamais fait. C’est tellement mieux de se battre pour les autres. Sauf quand les autres en questions finissent par vous poignarder dans le dos sans prévenir.

Mais bon la vie était ainsi faite. Qu’il essaye. Avec un peu de chance il tombera sur des gens gentils qui l’encourageront dans cette voix… Et pas sur des imbéciles qui réduisent les peu d’espoir qu’à une vie à néant. Dans dix ans ils se rencontreront à nouveau, il sera devenu un homme gentil tout doux et tout mignon et Ienzo… Ienzo sera mort d’une overdose au coin d’une rue parce que de toute façon il est une pute et restera une pute bonne à rien toute sa vie. Et les choses seront parfaites dans un monde parfait. Ienzo retint un soupir en regardant le fond de sa tasse vide. Il n’a même pas envie de répondre, même pas envie de s’attarder sur ce terrain là. Parce que s’il le fait, il va devenir méchant sans le vouloir et il n’a pas envie de l’enfoncer, lui. Ca aurait pu être une belle revanche. Malheureusement, la sournoiserie ne coulait pas dans ses veines. Un bien pour un mal. Du moins, surtout un bien pour les autres, parce que pour lui… Ca apporte plus de mal qu’autre chose, finalement. De toute façon, Ienzo, c’est le bonhomme qui subit toutes les erreurs des gens. Il n’est bon qu’à ça. Sa conception même était une erreur alors pas la peine d’espérer une vie excellente.

Par contre, ce qu’il raconte après l’intéresse beaucoup plus. Mais vraiment beaucoup plus. Il relève les yeux vers Ixion un peu rapidement à la mention du nom de Fred avec un regain d’intérêt. Ses yeux regagnent même un peu de vie. Il ne faut pas lui faire des espoirs comme ça, lui qui commençait enfin à tirer un trait. Il ouvre la bouche pour parler mais aucun son ne sort, se contentant, une fois de plus, de l’écouter avec cette petite étincelle d’espoir au fond des yeux. S’il l’a vu ça veut dire que Fred est toujours sur l’île. S’il est toujours sur l’île ça veut dire qu’il ne l’a pas abandonné pour la deuxième fois. Du moins, pas encore. Il se mord la lèvre un instant, le cerveau qui tourne à plein régime tout d’un coup. Limite y’a de la fumée qui s’échappe de ses oreilles. Plein de pensées contradictoires qui traversent son esprit. Jusqu’à la dernière phrase d’Ixion qui fait comme un petit tilt dans son esprit. Ou du moins un petit court-circuit.

« Tu te fous de moi, c’est ça ? »

Sans doute la première fois qu’Ixion l’entend parler avec une voix aussi tranchante. Sans doute la seule fois où il l’entendra aussi. Y’a vraiment que pour Fred qu’il peut réellement s’énerver. Même si en l’occurrence, ce n’est pas vraiment de l’énervement. Enfin si mais… tournée contre lui-même. Même si ça a l’air tourné contre Ixion, ce n’est pas le but, mais… Mais il n’arrive pas à y croire. Comme si tout sonnait faux. Pas qu’il accuse Ixion de mentir, juste qu’il n’a pas envie d’y croire. Parce que ça voudrait dire beaucoup trop de choses pour lui si cette histoire était vraie. Ses poings se serrent alors qu’il respire un grand coup pour ne pas juste péter un câble là, au milieu du café.

« S’il a quelque chose à me dire il peut me le dire lui-même. Entre tous, je ne peux pas croire que ça soit toi qu’il soit allé voir… »

Il occulte un peu le part hasard. Y’a des mots qui sont passés un peu à la trappe. Mais il sait bien que Fred ne pouvait pas voir Ixion de toute façon… il ne l’avait pas mis en garde contre lui pour rien. Finalement il aurait mieux fait de l’écouter quand il en était encore temps, il aurait serait peut-être dans un meilleur état aujourd’hui. Mais là n’était pas la question. D’où Fred – son Fred – allait voir Ixion pour lui passer un message ? Pourquoi il n’était pas venu lui-même ? Surtout pour transmettre un message pareil… Non il ne veut pas y croire. Il se relève d’un coup, en attrapant son sac. Rester calme. Ne pas s’énerver. C’est dur quand on a son sang qui ne fait qu’un tour et le cerveau bouillonnant. Quand il serait rentré. Il laisse échapper un léger rire amer en secouant la tête. Si ça continue comme ça il rentrera sans doute jamais, il connait la chanson c’est bon. Il est si risible que ça pour ne même pas venir le voir en personne et faire transmettre un message par un type qu’il ne peut pas voir ? Génial… Ca c’est réconfortant au moins.

« Merci pour le café. »

Un vague regard vers Ixion et il s’en va. Tant pis s’il doit retourner cette île de fond en comble, il arrivera à le retrouver. Maintenant qu’il sait qu’il est quelque part dans le coin. S’il doit y passer le restant de ses jours il s’en fout. Il ne peut pas rester sans rien faire… S’arrête dehors non loin du restaurant et ferme les yeux. Son poing qui vient frapper un mur. Il se sent impuissant et il déteste ça. Même pour Fred il ne peut rien faire… On ne le laisse jamais faire quelque chose… Il sait qu’il est une gêne, Ce n’est pas une raison… Se sort une clope de son paquet et regarde la rue autour de lui. La colère qui retombe et ne laisse derrière elle que la tristesse. A quoi bon chercher s’il n’a pas envie de le voir ? A quoi bon s’acharner… Un nouveau soupir alors qu’il se remet en route, beaucoup moins motivé tout d’un coup. Dans le pire des cas, il va errer dans les rues… Qui sait, un jour ce fameux hasard finira peut-être par tourner en sa faveur ?

Parler de Fred ne semblait pas être une si bonne idée que ça. Il le savait, depuis le début. Il n'aurait jamais du, franchement... et puis Fred n'aurait pas su que Ixion n'était pas allé voir Ienzo si ? Enfin si peut être après mais après ça n'aurait plus d'importance. Pfou quelle histoire de fou. Mais non il ne se foutait pas de Ienzo. Franchement il n'a aucune raison de faire ça il l'aime vraiment beaucoup ce petit quoi qu'il puisse en penser. Il aurait bien aimé lui dire que la raison pour laquelle il l'avait quitté n'avait rien à voir avec son métier. Il avait eu peur que Ienzo finisse par le larguer tout comme son ex...du coup il l'avait quitté le premier. C'était carrément débile. Oui il était débile il faut l'avouer. Chaque être est unique, chaque histoire différente et il avait été lache. C'était trop tard maintenant mais il ne voulait pas que le français pense que c'était de sa faute. Le russe le regarda pour ouvrir la bouche et la refermer. Non mais non...

« Ienzo.. »

Il n'eut pas le temps de dire grand chose de plus. Ben oui Fred...non mais il pouvait pas se contenter de son explication. Pourquoi s'énerver ainsi. Le but c'était pas de le facher ou quoi mais justement de le rassurer, de le voir sourire, son copain allait bien et blabla. Les choses ne marchent jamais comme prévues c'est vraiment ennuyeux parfois. Il ne savait trop comment réagir sur le coup. Regarde sa tasse une seconde en l'écoutant. Oui bon euh cela dit il n'avait pas tord son ex.. c'est un peu improbable que Fred soit allé le voir, pour ça qu'il a dit croisé par hasard. Il n'a jamais dit que Fred était venu frapper à sa porte.. il 'la dit ? Non... peut être que c'était sous entendu dans ses paroles. Pourtant il pense bien avoir choisi ses mots avec soin. Il ne pouvait pas dire la vérité à Ienzo, et d'un autre côté il pouvait pas le laisser penser des choses qui le mettaient en colère comme ça. Terrible dilemme que faire. Il se mordit la lèvre une demi seconde pour regarder par la fenêtre. Mais non il n'évite pas du tout le regarde du français.

Le sent se lever et l'entend le remercier pour le café. Que...quoi. Non. Mais qu'il reste là, il peut pas partir comme ça la dessus voyons. Le regarde partir et se lève pour le suivre et le rattraper. Ah mais raaah quoi qu'il fait le serveur. Comment ça il l'empêche de partir. Non mais son ami la bas c'est plus important que de payer un stupide café....euh plusieurs boissons de son côté certes mais hum...il serait revenu payer plus tard. Se retient de faire un meurtre au milieu du café et fouille dans ses poches, roh mais putain, ils veulent pas envoyer la note à son hôtel il perd du temps là. Finit par lui fourrer tous les billets qu'il a sur lui, flemme de compter et qu'il garde la monnaie il a pas le temps. C'est surement la chance de sa vie au petit serveur, il aura sans doute plus jamais un pourboire aussi gros. Se précipite dehors, cherche du regard la mignonne petite personne avec qui il était.

Rah il va le perdre, se faufile entre les gens. Putain c'est quoi ce monde dans la rue mais qu'ils dégagent tous il a besoin de passer. Le voit frapper le mur avec son poing. Aie...il a mal pour lui. Faut pas faire des choses comme ça. Arrive par derrière. Pose ses mains doucement sur ses épaules et les glisse le long de ses bras pour arriver jusqu'à son poing qu'il serre dans sa main avec douceur. Taper dans un punching ball c'est mieux que dans un mur, enfin de son humble avis. Pourquoi tant d'agressivité alala. Self contrôle. Il est entrain de toucher un homme en pleine rue je sais pas si Ienzo se rend compte, ok c'est juste une étreinte amicale mais quand même.

« Je sais que c'est dur à croire....mais je t'en prie fais moi confiance. Fred... n'a pas eu le choix, et je l'aide...pour toi et d'autres raisons. Si tu n'as pas confiance en moi ai confiance en lui. Il sera bientôt de retour sur l'ile, près de toi. »

Se détache, ouais sur l'ile. Inutile que Ienzo débarque dans son hôtel. Il intérêt à se débarrasser de Modeste au plus vite lui. Cette situation commence à devenir pesante. Le mieux serait de l'envoyer très loin de cette ile, là au moins il ne pourra rien faire à Ienzo. Fred limite c'est vrai il s'en fout. Il a choisi de l'aider parce que Modeste est leur cible commune et qu'il aime pas trop qu'on se foute de sa gueule ou qu'on le manipule. Il n'aime pas trop savoir non plus que ce type pourrait faire du mal aux amis de Fred, à savoir ses amis aussi donc... même si il aime pas trop le jeune homme et bien finalement... finalement il s'est peut être trompé sur son compte voilà. On a le droit de changer d'avis et de reconnaître qu'on s'est trompé sur quelqu'un. Le regarde et glisse un doigt sur sa joue. Comment demander et dire à quelqu'un d'être sage en attendant son meilleur ami, c'est juste mission impossible. Lui dire qu'il va bien alors qu'il est parti sans donner de nouvelles ni rien... dur à croire. Enfin à la place de Ienzo en effet il n'y croirait pas. Et il ferait tout pour retrouver la personne et l'aider.

« Je me fous pas de toi ok ? »

Retire ses lunettes pour le regarder droit dans les yeux. Bon si ils pouvaient bouger de la rue parce qu'il aime pas se sentir observé, ça serait cool.

Quand ça touche les sentiments on entend bien ce qu’on veut et on comprend bien ce qu’on veut. D’un coté, ça l’arrange que Fred soit pas loin, ça lui laisse l’espoir qu’il n’a pas été abandonné, même si Ixion n’a pas dit ça comme ça. Mais qu’on le laisse partir bon sang. Ce n’est pas pour rien qu’il s’en va en laissant tout en plan. Bon ok ce n’est pas cool de partir sans payer il sait bien. Au pire bah… il remboursera Ixion une prochaine fois et puis voila mais qu’on lui foute la paix. Il se sent misérable et il n’a pas besoin de la pitié des gens. Il fait tellement pitié que les gens ont besoin de lui sortir des excuses toutes pourries pour le réconforter… Il est tombé au fond du gouffre, magnifique. Qu’on l’enfonce pas encore plus ça serait gentil, c’est déjà difficilement supportable. Il sent Ixion dans son dos et se crispe. Son poing se serre un peu plus et il se retient de le repousser. C’est dingue ça, pourquoi il ne veut pas le laisser en paix ? Il l’avait ignoré pendant des mois et comme ça du jour au lendemain il va plus le quitter c’est ça ? On n’est jamais content de ce qu’on veut et de ce qu’on a décidément.

Il sert les dents en l’entendant continuer. Si en plus il le suit pour lui raconter d’autres conneries de ce goût là il peut s’en aller tout de suite. Dur à croire… ouais, c’est le moins qu’on puisse dire. Il retient un nouveau rire désillusionné. Ouais c’est ça. Bientôt il sera revenu puis on recommencera comme si de rien n’était. C’est une histoire géniale avec un happy end à la fin ? Désolé mais ce genre d’histoire ce n’est pas pour lui. Chez lui ça finit toujours mal, ça doit être le karma. Baisse les yeux pour regarder le sol. Vraiment sale ce sol, ils font quoi les nettoyeurs de leurs journées, hein ? Ferme les yeux une seconde. Il aura passé toute sa vie à attendre. Un peu plus ou un peu moins c’est censé être la routine, c’est ça ? Sauf qu’à force de se remplir le vase finit par déborder, un beau jour.

« Alors quoi ? Je suis censé me taire et attendre bien gentiment ? »

C’est une perspective qui l’enchante, il va sans dire. Faire confiance… on lui répète sans cesse qu’il doit se méfier puis du jour au lendemain on lui dit de faire confiance. Il va finir par devenir chèvre. Ce n’est pas drôle de le faire tourner en bourrique alors pourquoi tout le monde s’amuse à le faire, hein ? Il laisse échapper un soupir en s’adossant contre le mur. Limite il se laisserait glisser contre pour se rouler en boule par terre mais il n’a pas envie d’être plus pitoyable qu’il ne l’est déjà. Il se passe une main dans les cheveux avant de relever la tête pour regarder le ciel grisâtre. Avec un peu de chance il va peut-être pleuvoir. Tourne les yeux vers Ixion. Plus de colère, juste de la tristesse et de la détresse.

« Toi tu peux l’aider et moi je dois juste attendre ? Je ne suis pas une décoration qu’on laisse et qu’on retrouve… J’en ai marre de tout ça… »

Il en a marre de ça, de cette vie, de ces gens. Marre de la mentalité de ce monde. Il ne sait même plus pour quoi il est là. Pour quoi il doit s’énerver, pour qui il est censé compter ou non. Il sait bien que son amour et à sens unique, ce n’est pas une raison pour le planter comme ça non plus. Surtout pour finir par demander de l’aide à un type qu’on ne peut pas voir. C’est vraiment génial comme sentiment. Se détache du mur et respire un grand coup. Allez Ienzo haut les cœurs. Au moins il est vivant, faut bien se dire ça. Une bonne nouvelle comme une autre. C’est déjà un peu rassurant, dans le lot des nouvelles. Fait un vague sourire à Ixion, absolument pas crédible pour un sous, mais ce n’est pas comme si c’était ce qu’il cherchait à faire hein. Il va retourner au lycée et s’enfermer dans sa chambre. Il a même plus envie de chercher. Ca lui reviendra, il n’en doute pas. Après une bonne nuit blanche de repos. Quand il aura tourné et retourné ça dans sa petite tête et que finalement il en aura marre de tourner en rond, cette île n’échappera pas à son inspection. Là il a juste envie de rentrer et de s’étaler dans son lit.

« Merci d’être venue me… transmettre ça. » Oui parce que faut bien rester poli malgré tout. « A une prochaine. »

Un vague signe de la main et puis les mains dans les poches ils ‘éloigne de nouveau. Qu’il le suive si ça l’amuse, ce n’est pas comme s’il allait faire quelque chose d’intéressant après tout.