Once upon a time..(PV Tenshi Yamashita)

Le port semblait désert en ce moment, seuls les bateaux au petit matin rentrait doucement, voguant dans les brumes matinales, les yeux lourds, son corps de métal fatigué d'avoir parcourus autant de kilomètres. Parmi les bateaux de pêche, on pouvait aussi apercevoir un autre bateau, beaucoup plus grand et beaucoup plus luxueux se profiler à l'horizon. Voilà le nouveau lot de touristes, d'habitants, d'hommes de main, de businessman qui arrivaient. Tous des rêves plein la tête, le cœur gonflé par les ambitions, les rêves, les désirs, les peurs, les appréhensions. Mais tous avaient en commun de vouloir prendre un nouveau départ.

Parmi eux se trouvait Willhelm Standford. Dans le froid matinal, c'était l'un des rares à se trouver sur le bastingage, son regard rivé sur la terre en face de lui qu'il distinguait à travers le brouillard épais. Cette bande de coton n'arrivait pas à cacher les impressionnants buildings que l'on voyait au loin. La mer calme et le vent marin soufflant décoiffait un peu Willhelm mais celui ci n'en avait cure. Son regard restait fixé sur les bandes de terres, sur les grands buildings, sur sa prochaine ascension.

Cette île n'était qu'un tremplin pour lui vers quelque chose de plus grandiose. Ayant été renié par sa famille, devant se faire oublier par les autorités et les médias avant son retour sur la scène financière, il avait opté pour ce poste assez bien rémunéré. Par ailleurs, le directeur actuel du casino avait accepté de le prendre à ce poste, présentant l'avantage de ne plus être affilié à la prestigieuse banque américaine. Comme quoi être à moitié japonais et ne plus être affilié aux américains pouvait ouvrir certaines portes.

Ce directeur assez nationaliste avait été enchanté de récupérer chez lui un homme venu de la prestigieuse université de Cambridge. En outre son expérience professionnelle et son passé trouble lu avait donc permis de s'infiltrer aussi dans les secrets des transactions financières louches. L'entretien téléphonique qu'il avait eu avant son départ s'était très bien passé.

Début Flash Back
Willhelm avait eu un appel il y a de cela quelques semaines, un homme qui parlait américain avec un fort accent japonais. Willhelm l'avait aussitôt reconnu, le directeur d'une banque qui avait fait faillite à cause de son ancien patron. Il avait d'abord été surpris qu'on le contacte, lui l'homme qui avait tout de même collaboré « étroitement » avec son ancien patron mais, il avait vite compris les motivations de cet homme. Pour lui, le proverbe bien connu « les amis de mes ennemis sont mes amis » s'appliquait assez bien.

Willhelm avait beaucoup aimé cet esprit fourbe, avide au gain mais aussi extrêmement retord. Collaborer avec cet homme se révélerait à la fois dangereux et très prometteur. Willhelm avait accepté aussitôt, conscient de l'opportunité. Se tourner vers le marché asiatique, très prometteur pourrait lui rapporter gros. Si il commençait petit, il allait vite grandir au sein de cette petite entreprise très florissante. Il avait embarqué dés le lendemain laissant au loin l'Amérique qui n'avait pas pu satisfaire ses ambitions et qui l'avait brimé pour ses dernières.
Fin Flash Back

Plongé dans ses pensées, il n'avait pas entendus l'appel assourdissant qu'avait lancé le bateaux en direction des côtes, ni les dizaines de personne sortant des cabines, pressé de voir le « nouveau monde » qui s'offrait à eux. Il quitta le bastingage quand il vit la populace s’amasser autour de lui. Il prit ses affaires, réunis dans une valise assez modeste et prit l'argent qu'il avait retiré avant son départ. Ses comptes avaient beau être remplis, il ne voulait pas trop attirer l'attention sur lui et voyageait donc avec une quantité suffisante d'argent. Même si le luxe avait toujours été sa principale faiblesse, il savait qu'avoir trop d'argent tout de suite pourrait paraître suspect.

Sa valise bouclée, il sortit d'un pas mesurée vers le pont, attendant que le bateau accoste. A côté de lui se trouvait un homme qui fumait le cigare. Ses yeux se fixèrent aussitôt sur le bâton cylindrique, ne pouvant se détacher de cette couche de papier brun. Il le fixait avec insistance, fascination et résignation. Ce n'était pas lui. Il détourna la tête avant que l'homme ne se pose des questions.

C'était totalement futile de penser à lui de cette manière. D'un pas décidé, il posa le pied sur la terre ferme et vit autour de lui, la ville prendre peu à peu vie. Les marins se dépêchaient de charger les cargaisons, les femmes emmenait les enfants à l'école, des échoppes ouvraient, délivrant leur marchandise. Les boulangers mettaient les premiers pains croustillants et moelleux dans les rayonnages. Sans vraiment faire attention, Willhelm regardait cette ville avec un peu d'intérêt.

Lorsque soudain une masse inconnu lui rentra dedans, le percutant avec violence. Son premier réflexe fut de l'entraîner avec lui. Au beau milieu de la rue, il s'étala par terre. Il se redressa faisant face à l'illustre inconnu et lui dit d'une voix sèche

-Lorsque l'on est maladroit, on évite de sortir de chez soi pour étaler sa maladresse navrante en place publique et importuner les autres.

Tenshi n'était pas du genre à trainer le matin et faire la grasse matinée. Il avait beaucoup trop de chose à faire pour s'autoriser ce genre de chose. Parfois il se réveillait la nuit en sursaut l'angoisse lui tenant le ventre. Il détestait la nuit, la plupart des gens aimaient bien dormir, rester dans leur lit, rejoindre le doux monde des rêves. C'est vrai que certain rêve... ceux ou il retrouvait sa famille par exemple étaient assez plaisant mais il détestait dormir. Aussi doux les rêves soient ils il avait l'angoisse profonde de ne jamais se réveiller. Il tenait cette angoisse des nombreuses opérations subies. Il avait été endormi un certain nombre de fois, ce sommeil artificiel sans rêve. Il trouvait que ce sommeil c'était comme..si il n'était plus rien, qu'il n'était plus vivant, plus là. Il aimait trop la vie et la trouvait trop précieuse malgré les embuches les difficultés et les déceptions pour aimer cet état. Alors oui tous les matins il se levait dès l'aube et commençait sa journée. Ce matin là n'avait pas fait exception aux autres matins. Il ne commençait son travail que l'après midi mais il avait décidé d'aller sur le port. Il y avait toujours un marché, il pourrait ainsi voir les pêcheurs rentrer de leur nuit avec du poisson frais et obtenir des prix. C'était toujours trop cher dans les commerces, mieux valait acheter directement à la personne qui venait de pécher le poisson. Il faisait très attention à son argent, entre le loyer, la bouffe...il n'avait qu'un travail à mi-temps et ce n'était pas facile. Enfin tant qu'il avait un toit et de quoi manger pourquoi se plaindrait il ? C'était l'essentiel après tout.

Habillé d'un baggy comme à son habitude, de basket et d'un t-shirt à manche longue en coton parce qu'il faisait un peu frais le matin, ainsi qu'une écharpe enroulé autour du coup le jeune homme était parti vers le port en observant les gens déjà levé, les commerces qui ouvraient. La fourmilière prenait vie. Il était content d'être ici, ça changeait de sa banlieue, les gens avaient l'air plutôt sympathique. Il en avait croisé quelques uns très agréable , notamment parmi ses collègues. Il ne s'était pas réellement fait d'ami mais pas d'ennemi non plus, c'était déjà ça. Oui la vie était tranquille, il n'avait pas trouvé ce qu'il était venu chercher ici mais le temps ferait les choses. Il avait déjà quelques pistes qu'il faudrait qu'il explore. Alors qu'il arrivait sur le marché en balançant son sac d'avant en arrière, geste complètement stupide et enfantin il faut l'avouer il se fit bousculer par un jeune homme qui lui arracha son sac pour s'enfuir au courant au loin devant. Il se disait quoi déjà ? Endroit agréable avec des gens bien ? Évidemment des voleurs il y en avait dans tous les endroits du monde. Ni une, ni deux le jeune homme s'élança à la poursuite de son voleur, il allait récupérer son sac. Il y avait trop de chose dedans, bien plus précieuse que de l'argent pour qu'il le laisse à une espèce de fripouille. Zigzaguant entre les gens il tentait pour l'instant de ne pas perdre de vue le délinquant lorsque bien évidemment il finit par se prendre quelqu'un arrivé de nul part qui l'envoya à terre avec lui.

En moins de temps qu'il n'en faut il était donc là au sol avec un inconnu. Il s'écarta de l'individu aussitôt pour se redresser également. Mince ce n'était pas de chance ce type sorti de nul part. Il chercha des yeux son voleur mais ce court laps de temps avait suffit pour qu'il disparaisse. Son sac semblait bien être perdu à jamais. L'Ange soupira légèrement le coeur un peu serré sans vraiment écouter ce que racontait l'autre...d'ailleurs qu'est ce qu'il racontait, il l'accusait ou bien il était entrain d'halluciner ? Non parce que ce n'était pas lui qui avait coupé la route de l'autre mais plutôt l'inverse. Il haussa un sourcil en regardant enfin la personne qu'il s'était pris en pleine face. Un haussement de sourcil qui voulait dire ''mais qu'est ce que tu me racontes là ?''. Oui il n'en croyait pas ses oreilles. Enfin c'est vrai qu'il était maladroit mais là de se faire accuser ainsi et puis lui parler comme un chien..il avait juste envie de lui casser la gueule. La violence n'était pas une solution...c'est ce que sa mère aurait dit si elle avait été là. Habituellement il se serait plié en deux comme une carpette en faisant mille et une excuse mais ça... c'était si l'homme en face de lui ne lui avait pas parlé sur ce ton.

« Je te demande pardon ? T'avais qu'à regarder ou t'allais conard va. »

L'insulte était sortie toute seule, ses lèvres s'étaient mises à bouger avant même qu'il réfléchisse à ses paroles. La journée commençait fort mal mais...c'était de la faute de ce type si il n'avait pas pu récupérer son bien. Il était à deux doigts de rattraper ce voleur...deux doigts seulement et tout était gaché. Comment allait il faire maintenant ? Tenshi n'était pas réellement faché contre cet individu, d'ailleurs il n'avait pas parlé de manière agressive, juste … comme quand on parle de quelqu'un qui a le dos tourné, un espèce de gromellement, c'était sorti malgré lui parce qu'il était contrarié, qu'il n'avait pas aimé l'accusation mais dans le fond il restait quelqu'un de doux et gentil. Il se mordilla légèrement la lèvre. Il allait surement falloir qu'il aille à la police porter plainte et puis..on lui indiquerait la bas quoi faire.

« C'est malin...il a disparu maintenant. »

Et la foule envahissait le marché... ah oui d'ailleurs il n'avait plus rien pour acheter son poisson, tant pis il se passerait de repas pour la journée. Peut être que le soir un de ses collègues seraient d'accord pour l'aider, ou le dépanner du moins.

» Tenshi Yamashita