Ennui et renouveau [PV Alistair]

La salle était bondée. Situé dans les derniers étages d’un hôtel de standing au centre de la ville, William observait les lumières des rues en contrebas tout en suivant d’une oreille discrète la conversation qui se déroulait autour de lui. Il s’ennuyait. C’était le moins qu’on puisse dire. Il était venu par simple politesse, pour accompagner une de ses connaissances. Aussi parce que c’était son rôle, de se tenir ici, au milieu de la fine fleur du monde. Mais plus le temps passait, plus ces pseudos réceptions l’ennuyait. Il ne le montrait pas, bien évidemment. Le sourire poli, le rire travaillé, l’apparence irréprochable. Qui pourrait se douter, derrière son costume sombre taillé sur mesure et l’éclat pétillant éclairant ses yeux ciel, qu’au fond, il s’ennuyait comme un rat mort ? Pas grand monde. Les rares qui aurait pu le comprendre ne se trouvaient pas ici, de toute façon. Il essayait juste de faire passer le temps rapidement, mais même les conversations des autres invités perdaient rapidement en intérêt. Peut-être se faisait-il trop vieux pour ce genre de banalités. Un sourire amusé étira ses lèvres à cette pensée alors qu’un homme à coté de lui riait d’une blague déplacé d’un de ses collègues. Portant sa coupe de champagne à ses lèvres, il détacha ses yeux de la ville et de sa vie qui suivait son cours, même à une heure aussi tardive.

Après tout, ils étaient non loin du casino. On en apercevait les lumières. Ce n’était pas étonnant le centre ville soit en effervescence. Comme tous les soirs. Prenant congé des trois hommes avec qui il était en train de parler, il traversa la foule avec une agilité surprenante, cherchant un nouveau groupe susceptible d’attiser son intérêt pour les prochaines minutes. Quelques rencontres, au gré de ses pérégrinations, quelques saluts et quelques sourire, mais il ne s’attarda pas. Être connu n’était pas toujours un bien et c’est souvent quand on cherche la tranquillité que tout le monde vient vous envahir. Il avait longuement hésité à se faire passer pour son frère. Les gens lui auraient un peu fichu la paix. Après tout, Aaron n’était pas aussi intéressant que William. Le mauvais fils qui a choisi de passer sa vie loin des affaires. Un nouveau sourire fugitif, le temps d’un éclat amusé dans ses yeux qui disparait aussi vite qu’il est apparu. Il était trop tard pour retourner sa veste maintenant de toute façon. Croisant un serveur, il reposa son verre vide sur le plateau pour en attraper un hôte et s’arrêta près d’un petit groupe discutant sur l’avenir du casino.

Il aimait bien se tenir au courant ou écouter les ragots de ce qu’il pouvait se passer en surface. Lui, qui avait une vue d’ensemble… Aussi bien du coté de l’ombre que de la lumière. Il fallait tout savoir pour réussir à maintenir les apparences. Peu, dans cette salle, le connaissait pour ce qu’il était. Et tous savait qu’au moindre mot de travers, c’était leurs tête qui tomberait avant l’aube d’un nouveau jour. Non, il n’avait pas à s’inquiéter pour ce genre de chose. Il était serein. Après tout, il n’avait aucune raison de ne pas l’être. Une horloge aussi bien huilée depuis des décennies ne pouvait s’enrouillait d’une telle façon.

Un mouvement à la périphérie de sa vision attira son regard. Balayant l’assemblée rapidement, ses yeux s’arrêtèrent sur un homme, presque caché par un autre groupe. Il retint un haussement de sourcil quand l’homme en question de retourna et qu’il aperçu son visage. Il retint plus difficilement le sourire amusé qui manqua de peu d’apparaitre à nouveau sur ses lèvres. Il s’excusa à nouveau auprès de ses interlocuteurs pour s’éloigner. C’était amusant, comme les choses étaient parfois faite. Il n’imaginait pas le croiser ici, cet homme. Mais il était ravi de voir le fil de son feu-concurrent avait mis les pieds au Japon. La soirée ne s’annonçait, tout d’un coup, plus aussi ennuyante. L’observant du coin de l’œil avec discrétion, il attendit qu’il soit seul avant de s’approcher de lui pour venir entamer la discussion, sa coupe de champagne toujours en main.

« Monsieur O’Dwyer, je présume ? » demanda-t-il en arrivant à ses cotés.

Il lui tendit une main – du moins sa seule main de libre – avec un sourire et inclina légèrement la tête en guise de salut. Il avait envie de constater de ses propres yeux la réaction du fiston de la famille. Si ses hommes le voyaient… Certain en ferait sans doute un ulcère. Ca ne ferait qu’une chose de plus qu’ils devraient ignorer, après tout. Mais il n’avait jamais réellement su ce qu’avait transmis son ancien ami à son enfant. Bien sûr, il s’était renseigné sur lui depuis longtemps. Mais il se demandait bien s’il suivrait les traces de son père ou si les choses… tourneraient différemment. Le fait de savoir s’il le connaissait pour ce qu’il était ou pas était déjà un bon indice.

« Toutes mes condoléances pour votre père. C’était un grand homme, nous étions bons amis. »

Chose qui n’était pas tout à fait fausses, aussi amusant que cela puisse paraître. Enfin, amusant… ca l’avait été, pour eux. Plus d’une fois, William s’était imaginer surpris par sa Main Droite alors qu’il allait simplement voir le chef de la Famille adverse ne prétextant des réunions. Le pauvre homme l’aurait étranglé dans la seconde. Une chose qui l’avait toujours fait rire. Mais au moins, le doyen des O’Dwyer partageait son avis sur bon nombre de choses. Sans doute ce qui avait permis de mettre en place une telle situation.

« Vous lui ressemblez beaucoup. Enfin… Je suppose que vous êtes arrivé il y a peu de temps, comment trouvez-vous le pays ? »

Il trouvait ça dommage, malgré tout, de devoir partir sur des banalités pareilles. Mais les procédures étaient ce qu’elles étaient… Surtout dans un endroit pareil. Surtout pour une première rencontre, aussi. Déjà que venir se présenter de telle façon. Se présenter… Ah oui, c’était ça qu’il avait oublié de faire, tiens.

« J’en oublies mes manières. Appelez-moi William, enchanté de vous rencontrer. »

Profitant d’un serveur qui passait à proximité, il reposa sa coupe vide – à nouveau – sur le plateau pour en récupérer deux d’un coup et en offrir une à son nouvel interlocuteur qui n’en avait pas. Avec un sourire en cadeau, bien évidemment.

Alistair venait donc d'arriver au Japon, son père à peine enterré il avait pris l'avion pour se rendre dans la ville Hikari. Dernière ville ou se trouvait son père. La première chose qui le surpris fut sans doute que c'était une île remplie d'homme. Pourquoi diable son père avait choisi de venir faire affaire ici. Enfin vrai que ce n'était pas une île de campagnard. Il avait été voir les immeubles que possédaient sa famille dont un hôtel de luxe. Oui des hommes riches venaient ici, et puis surtout...le casino lieu qui attirait bien du monde, le casino....la dernière bataille de son père pour l'avoir. Alistair avait vaguement pris les renseignements sur ce casino, travailler l'empêchait de penser à sa tristesse mais pourtant elle était bien là. Foutu casino, sur que le posséder.... oui il pouvait en comprendre les raisons. Mais il en était mort et quelque part il se demandait au fond de lui si c'était vraiment une mort naturelle. Il avait du mal à croire qu'un homme comme son père en pleine forme encore pour son age ait pu mourir comme ça d'une vulgaire crise cardiaque. Il n'était pas au courant de problème de coeur ni rien de ce genre. Il avait interrogé la main droite de son père qui n'avait rien pu lui dire de plus mais avait tenté de le rassurer en disant que ça ne voulait rien dire, son père avait ses secrets et avait très bien pu vouloir cacher ses problèmes de santé.

La famille adverse qui luttait pour avoir le casino, les Rosebury... il n'en pensait ni bien ni mal. Il savait bien sur les liens entre les deux familles et que c'était des concurrents depuis longtemps. Des ennemis....tout dépend du contexte, on vit dans un monde moderne après tout. On peut pas détester quelqu'un juste à cause de son nom c'était stupide. Son père parlait souvent des Rosebury, il en savait beaucoup sur cette famille sans les avoir jamais rencontré c'était assez étonnant. Enfin non il était proche de son père voilà tout. Son père lui avait appris bien des choses et notamment qu'il ne servait à rien de tout détruire sur son passage, il y a d'autres moyens d'obtenir ce que l'on veut. Il savait que son père n'était pas du genre à ne pas adresser la parole à son adversaire loin de là. Oh il ne s'agissait pas de simple politesse. Et pourtant aujourd'hui il était mort... et à l'esprit seul le nom des Rosebury lui venait. Des ennemis son père en avait plein, c'est normal dans le monde des affaires. Mais là... c'était contre eux qu'il luttait pour avoir ce casino, il aurait très bien pu avoir été poignardé dans le dos. Façon de parler. Il n'arrivait pas à réfléchir avec recule pour se dire que c'était stupide de penser ça.. ou pas. Il ne savait pas, ou plus.

Il verrait ça plus tard, quand son deuil sera fait. Ce n'est pas en deux jours qu'on oublie quelqu'un. Surtout quelqu'un d'aussi important. Depuis la mort de sa femme il s'était rapproché de son père au point d'avoir un lien très fort. Ils avaient partagé la même épreuve tous les deux après tout, même si ils avaient réagis différemment, surmonté la chose différemment. Alistair était incapable d'entretenir une relation avec son fils comme son père l'avait fait avec lui. Son fils à lui, lui rappelait trop sa femme et c'était insupportable. Il n'avait pas su passer au dessus de ça, moins il voyait son fils mieux il se portait. C'était horrible à dire, ça voulait pas dire qu'il ne l'aimait pas. Non il aimait sincèrement son fils juste qu'il avait du mal à le regarder dans les yeux.

Toujours est il qu'à peine arrivée il avait eu foule de choses à faire et se trouvait déjà invité à une réception. Rien d'étonnant il était quelqu'un d'important après tout et surtout il était l'héritier, il venait à la succession de son père. Il allait bien falloir se présenter, serrer un tas de main et blabla. Une soirée chiante en perspective mais c'était son rôle. Il avait interrogé sa main droite pour savoir ce qu'il y avait à savoir sur les invités. Que du beau monde. Il faudrait qu'il essaie de voir le maire et de parler avec d'ailleurs, ça serait une bonne occasion. C'est ainsi qu'il se déplaça pour se rendre à la soirée vêtu de noir, he oui il est en deuil il va pas mettre un costume rose paillette. D'habitude il préfère le marron mais là ça serait du noir. Accompagné de son garde du corps qu'il avait ramené des états unis. Il avait toute confiance en ses hommes. Ceux de son père aussi mais bon il préférait travailler avec ceux qu'il connaissait maintenant depuis plusieurs années. Ça voulait pas dire qu'il virait les hommes de son père, bien sur que non, ils restaient à son service ça allait de sois.

Il y avait du monde dans la salle, évidemment sinon ça aurait été une réception ratée vu le nombre de personnes invitées. Il fut aussitôt abordé, à peine le temps de laisser ses yeux parcourir la salle pour aller de lui même vers les personnes qu'il voulait voir. Ces gens qui avaient connu son père, ou qui le connaissait de nom. Répondre avec des sourires polis, suivre la conversation et répondre des phrases banales puis s'excuser. Un peu d'air ça fait du bien. Intercepte un serveur pour prendre une coupe en observant la salle, le maire était bien entouré, ça attendrait plus tard. A ce moment là il fut de nouveau abordé, un inconnu. Comme beaucoup des gens ici c'était des inconnus, même si il pouvait en connaître certain de nom, en savoir beaucoup sur ces gens.

« Vous présumez bien, Alistair O'Dwyer. »

Regarde la main tendue, lui ce n'était pas un japonais. Bah oui quand même il avait appris les coutumes du pays avant de venir. Serre la main avec un sourire poli. C'est fou ça comme tout le monde semblait savoir qui il était là. Il va finir par se croire célèbre huhu. Un peu de sérieux. Évidemment il eut droit à des condoléances. Euh se présenter ça serait pas mal non ? Observe l'homme en face de lui. De bons amis... il ne croit pas l'avoir vu à l'enterrement, sans doute pas le temps de faire le voyage, les affaires avant tout. C'était un grand homme en effet, il était content de l'entendre dire. C'était... dire que ça appartient au passé. Il tacherait de se montrer à la hauteur, aussi bien que son père et on pourra dire qu'il a été le digne fils de son père, un grand homme également. Il l'espérait. Enfin le plus important ce n'était pas ce que les gens penseraient mais que de la haut son père soit fier, c'était la seule chose qui comptait. Il ne le décevrait pas, il continuerait comme il le faisait depuis plusieurs années. Lâche la main, inutile de la garder dans la sienne plus longtemps que nécessaire. Hoche la tête.

« Je vous remercie, un grand homme en effet, mort trop tot.. »

Les formules d'usages. Il allait surement en avoir toute la soirée alors autant s'y faire. Il se méfiait des apparences. Il y avait surement dans cette salle nombre d'hypocrite. On n'allait bien évidemment pas lui dire désolé pour votre père c'était un salaud, ou bien je le détestais mais désolé. Ouais bon.... était ce vraiment un ami de son père ou quelqu'un qui essayait de l'amadouer ? Ça il le saurait avec son nom. Il savait qui son père appréciait et qui son père méprisait. Un nouveau compliment, du genre qui fait plaisir. Parce que oui il espérait bien ressembler à son père. Compliment faux ou pas il les prenait avec plaisir. Des banalités et encore des banalités. Le pays...très masculin. Fallait pas avoir trop de besoin quand même. Sans doute que les hommes étaient content d'avoir un peu d'air sans femme. Si il avait toujours la sienne... peut être éprouverait il ce besoin aussi parfois de s'éloigner un peu de sa compagne. Elle serait peut être devenue chiante et collante, peut être qu'elle lui aurait régulièrement fait des crises parce qu'il voyageait beaucoup, rentrait tard...beaucoup de peut être. Avec des si on refait le monde. Cela dit il suffit de traverser la mer pour trouver une demoiselle. Sur que son père s'étant fait moine ça ne devait pas être trop dur de vivre ici...enfin il ne l'avait jamais entendu parler de relation ou quoi que ce soit mais peut être son père en effet n'allait pas lui raconter sa vie sexuelle normal. En tout cas lui se voyait pas forcément faire voeux d'abstinence pendant des mois. Mais pourtant ce n'était pas à l'ordre du jour, il avait beaucoup de travail et d'autres chose à penser que le sexe.

« Je viens d'arriver en effet.... je vous prie de m'excusez mais je n'ai pas très bien saisi votre nom monsieur ? »

William.... un nom courant. Enfin au Japon peut être pas tant que ça mais on ne sait jamais après tout, il peut y avoir une dizaine de William en ville. Il peut pas dire enchanté tant qu'il ne sait pas à qui il a affaire après tout. Mais par politesse il va répondre enchanté aussi...peut être...peut être pas. Il attend de voir. Observe le maire du coin de l'oeil, les personnes avec qui il parle. Il se sent fatigué de cette comédie, ou le décalage horaire qui se fait enfin ressentir. Il n'a pas pris le temps de se reposer depuis qu'il est arrivé. Il n'avait pas vraiment envie de se coucher comme tout homme normal et puis de penser à son père encore et encore. Il ne sert à rien de se lamenter sur un être cher....faut avancer voilà. Mais ça n'empêche pas que c'est parfois difficile, il n'était pas vraiment préparer à cette perte. Bien sur c'est dans l'ordre des choses, la vie la mort. Mais il lui donnait encore au moins dix ans, voit vingt avant de mourir.

Cette situation était des plus amusantes, vraiment. Il surprenait, du coin de l’œil, quelques regards peu discrets sur leurs deux personnes. Certains, sans doute plus au courant que d’autres, devaient se demander ce qui allait se passer… Rare étaient les rencontre publiques entre deux chef de Familles opposées après tout. C’était normal pour eux de se poser des questions. William lui-même s’en posait. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’il se tenait là, à discuter du soleil et de l pluie avec cet homme. Enfin, le sujet était plus délicat que la météo malgré tout. Même si, dans cette situation, tout aussi banal. Il est vrai que recevoir des condoléances n’avait rien d’exceptionnel après le décès d’un proche. Enfin, il fallait bien un moyen d’entamer la conversation d’une façon ou d’une autre, non ? Autant se servir de la situation. Pas qu’il y était indifférent, loin de là – après tout il s’agissait réellement d’un bon ami. Mais ça… Il n’était pas certain que son interlocuteur soir au courant. Il le verrait bien si jamais il lui donne son nom. Il ne l’avait pas donné tout de suite bien évidemment. Cela aurait été trop simple. Et puis, il voulait voir d’un peu plus près le fils des Rosebury. On en apprend beaucoup à travers une conversation pourtant très banale. Il suffit de savoir lire les mots et les visages.

« Trop tôt, c’est certain… Je regretterais nos conversations. »

Ces soirées agréables passé à discuter de l’avenir de leurs Familles respectives. C’était très contradictoire… Ils avaient beau se faire la guerre ne public, dès que le monde avait disparu autour d’eux, c’était comme deux vieilles connaissances qui se retrouvaient. Ils n’étaient pas les meilleurs amis du monde non plus, mais une certaine amitié était malgré tout présente. Il prit quelques secondes pour observer la salle à nouveau, croisant de nouveaux regards qui s’écartèrent en croisant le sien. Les conversations n’avaient pas cessé et pourtant… Quelque chose était en train de changer dans l’atmosphère. Il retint un sourire. Il savait bien à quel jeu il jouait. Il savait parfaitement la réaction la plus humaine qui en suivrait également. Après tout, il ne connaissait que trop bien les rumeurs. Comme quoi les Rosebury étaient à l’origine de l’assassinat. Il ne les blâmait pas pour arriver à de telles conclusions. C’était dans la logique des choses. Après tout, ils étaient censés se haïr. Par mesure de précaution, il avait malgré tout fait mener sa petite enquête dans la Famille, histoire de s’assurer que ça ne venait pas de chez lui. Rien n’en était ressorti et il en était heureux. Il était rare que ses hommes débordent, surtout d’une manière aussi grave, mais on n’est jamais à l’abri d’un accident. Il suffit d’une fois, d’un accident… Mais ce n’était pas eux. A se demander si sa mort était réellement naturelle. Mais après tout, ce n’était pas à lui de mener l’enquête de ce coté là et il se doutait bien que le fils devait se poser les mêmes questions que le reste de la foule. Sans doute plus, même.

Son sourire revint malgré tout à sa dernière phrase sans qu’il ne puisse rien y faire. De ces sourires emplis d’une innocence amusée quand on comprend que le jeu auquel on joue part dans la bonne direction. Il ne se moquait pas, loin de là. Il était juste content de constater qu’il avait la présence d’esprit de lui faire avouer son nom malgré toutes ces personnes qui s’accumulaient à lui présenter les mêmes banalités encore et encore. Après tout, il faut toujours rester sur ses gardes, quelque soit la situation. Il prit le temps de boire une longue gorgée de sa coupe jusqu’à la finir et la reposer sur un plateau. Il s’apprêtait à répondre quand un homme vint lui tapoter l’épaule pour attirer son attention. Avec un sourire d’excuse à Alistair, il écouta ce que l’homme lui annonça à l’oreille avant de le renvoyer. Il se retourna pour faire de nouveau face à Alistair, son sourire toujours plaqué sur ses lèvres.

« Mon nom est William. William Rosebury. »

Le silence qui fit place à sa déclaration dans les quelques personnes autour d’eux ne fit qu’élargir son sourire. Avec une révérence élégante et gracieuse pour son interlocuteur, il s’éloigna d’un pas sans pour autant quitter son visage des yeux pour observer ses réactions.

« Veuillez m’excuser, mais j’ai des affaires sur le feu qui m’attendent. Je ne doute pas que nos chemins se recroiseront bientôt. »

Un dernier sourire avant qu’il ne fasse volte-face pour disparaître dans la foule et sortir du bâtiment avec des au-revoir polis aux quelques personnes prenant le temps de le faire s’arrêter. Il ne tarda pas à se retrouver dehors où l’attendait sa voiture dans laquelle il s’engouffra sans une once d’hésitation. Bien dommage qu’on vienne l’interrompre au milieu de son petit jeu… A croire que ses hommes le faisaient vraiment exprès. Assis sur son siège en cuir, il leva les yeux à travers la vitre noire pour observer la fenêtre où brillait la lumière de la réception. Non… Ce n’était pas si mal. Il n’avait pas l’intention de partir en mauvais terme avec le fils O’Dwyer, mais le chemin serait long avant d’arriver à quelque chose. S’il y arrivait un jour. Il aurait bien d’autres occasions il n’en doutait pas.

William Rosebury évidemment.... sur tous les William qui peut exister sur terre il fallait que ce soit celui là qui se présente devant lui. Bien sur cette rencontre devait arriver, c'était normal. Mais franchement qu'il ose venir se présenter là comme ça en prenant l'excuse des condoléances. C'était tout simplement intolérable. Ami einh...bien sur ouais. Il en doutait pas une seconde. Ami du côté de son père mais de l'autre côté... il n'était pas très certain de ça. Alistair garda un sourire quelque peu figé, le sourire de politesse mais son regard devenu subitement froid en disait long. Les rumeurs... il n'en savait rien. Il n'avait pas eu besoin des rumeurs pour que son esprit en colère imagine un tel scénario. Il enquêterait oui. Son père lui avait toujours dit de ne pas faire de conclusions hâtive mais il y a des cas ou...on ne peut s'en empêcher. Présomption d'innocence.... peut être, sans preuve il ne pouvait l'accuser de toute façon. Mais au diable les preuves il n'en avait pas besoin pour se montrer froid puisque de toute façon c'était bien connu que les deux familles se détestaient. Il faisait bien de partir, sa place n'était pas ici. Enfin si mais grumbl.... pas entrain de parler à Alistair. Le fils n'était pas quelqu'un d'insensible et on ne pouvait pas plus le toucher en plein coeur qu'en tuant son père. Ne lui restait désormais que son fils. Mhh d'ailleurs dans l'hypothèse d'un assassinat de son paternel il ferait mieux de demander aux gardes du corps de bien garder l'oeil sur sa progéniture et d'être vigilant. Je l'ai dit il aimait son fils même si il le voyait peu.

« Je crois qu'il vaut mieux que vous retourniez à vos affaires en effet. »

Une manière de dire qu'il n'était pas le bienvenue aux yeux d'Alistair. Le pays se porterait mieux sans ce William et toute sa clique. Qu'il vaque donc à ses affaires de meurtriers. Alistair soutient son regard jusqu'à sa sortie. Il sentit que quelqu'un l'avait rejoint à ses côtés, son conseiller. C'est maintenant qu'il arrivait celui là. Il pouvait pas lui dire plus tôt que sur la liste des invités y avait un Rosebury. Enfin c'était tellement évident, une réception sans une des deux familles c'était comme choisir un clan...sans doute pour ça qu'il n'avait pas jugé utile de lui rappeler qu'il risquait de le croiser et se faire accoster. Quel sale hypocrite ce type, il cachait bien son jeu, William évidemment. Puis ces gens là ils pouvaient pas retourner à leurs occupations, leurs conversations. Y avait rien à voir. Il n'allait pas sortir un flingue et abbattre son ''ennemi''. Ni le frapper ni rien de toute façon. Alistair fit demi tour, les affaires l'attendaient. Il se reposerait plus tard et les mondanités allaient devoir attendre. Il voulait savoir la vérité et ça n'attendrait pas. Surtout qu'une enquête de ce genre allait surement lui prendre du temps. Il prit le temps quand même de prendre congé et de saluer quelques personnes au passage avant de se retirer également pour rejoindre sa voiture et rentrer à sa résidence. Il ne doutait pas qu'il recroiserait William mais ça serait uniquement pour les affaires. Il ne commettrait pas la même erreur que son père d'être ami avec ce type. On ne peut pas faire confiance à une famille dont la haine remonte à tellement longtemps que malgré une bonne volonté...elle doit surement finir par rejaillir. Pourtant jusqu'à ce jour il ne voyait aucune raison de les haïr, mais bon il suffit d'un rien pour relancer sans doute cette vieille haine persistante.

» [O'Dwyer]Alistair O'Dwyer